Introduction : vers des bureaux vraiment durables

Les espaces de travail connaissent une profonde mutation, poussée par des exigences environnementales, sociales et économiques toujours plus fortes. Face à la crise climatique et à la nécessité de réduire les impacts des bâtiments tertiaires, l’écotransformation devient une priorité pour les entreprises. Parmi les solutions émergentes, les produits biosourcés s’imposent comme une alternative crédible aux matériaux traditionnels, offrant à la fois un potentiel de décarbonation, une amélioration de la qualité de l’air intérieur et un ancrage territorial fort.

Mais sont-ils une réponse réellement vertueuse ? Quels sont leurs atouts et leurs limites dans le cadre de l’aménagement ou de la rénovation des bureaux ? Cet article fait le point.


Qu’est-ce qu’un produit biosourcé ?

Un produit biosourcé est entièrement ou partiellement composé de matière issue de la biomasse : végétaux (lin, chanvre, bois), animaux (laine, cuir), ou micro-organismes. Il s’oppose aux matériaux d’origine fossile (plastique, acier, etc.).

Exemples d’usages dans les bureaux :

  • Isolants en fibres végétales (chanvre, paille)

  • Peintures à base de résine végétale

  • Moquettes en fibres naturelles

  • Cloisons en panneaux bois biosourcés

  • Mobilier en bois local


✅ Les bénéfices des produits biosourcés pour l’entreprise

1. Décarbonation des bâtiments tertiaires

Les matériaux biosourcés stockent du carbone biogénique tout au long de leur durée de vie. Dans le cas d’une cloison en bois, c’est autant de CO2 retiré de l’atmosphère. L’usage de ces matériaux contribue donc directement à la neutralité carbone recherchée par de nombreux plans RSE.

Chiffre-clé : La biomasse contenue dans les produits biosourcés consommés en France permettrait de capter l’équivalent de 28 millions de tonnes de CO₂ par an (ADEME, 2025).

2. Amélioration de la qualité de l’air intérieur

Les peintures, colles ou vernis biosourcés sont moins émetteurs de COV (Composés Organiques Volatils), ce qui réduit les effets sur la santé (irritations, allergies, maux de tête).

Un enjeu clé pour les DRH : garantir un environnement de travail sain et conforme aux attentes des collaborateurs en matière de bien-être.

3. Souveraineté et relocalisation des filières

La France dispose de ressources abondantes : 90 % de son territoire est couvert de surfaces agricoles ou forestières. En privilégiant des matériaux issus de filiales locales, les entreprises :

  • soutiennent l’emploi dans les territoires ruraux,

  • sécurisent leurs approvisionnements,

  • réduisent leur dépendance aux matières premières importées.

4. Outil pédagogique pour la RSE

L’intégration de produits biosourcés dans les espaces de travail est un excellent vecteur de communication interne :

  • Sensibilisation des collaborateurs à l’impact des matériaux

  • Valorisation de l’engagement RSE

  • Renforcement de la marque employeur


⚠️ Les limites à ne pas ignorer

1. Pas toujours plus “écologiques”

Le fait qu’un produit soit biosourcé n’implique pas automatiquement un impact environnemental positif. Il faut analyser :

  • Sa durée de vie (ex : usage unique vs usage durable)

  • Sa fin de vie (recyclabilité, compostabilité)

  • Son mode de fabrication (énergie, eau, procédés chimiques)

Exemple : certains composites biosourcés sont plus difficiles à recycler qu’un matériau conventionnel mono-matière.

2. Risque d’effet rebond

Sans réflexion sur la sobriété, il existe un risque de surconsommation de produits, sous prétexte qu’ils sont « plus verts ».

Recommandation RSE : intégrer les biosourcés dans une démarche globale d’éco-conception, pas comme un simple remplacement marketing.

3. ️ Flou marketing et greenwashing

La confusion est fréquente entre « biosourcé », « biodégradable », « naturel », « écologique », etc. Un produit peut se dire biosourcé avec seulement quelques % de biomasse.

L’ADEME recommande :

  • D’indiquer clairement la teneur biosourcée (ex : 40 % carbone biosourcé selon norme EN 16640)

  • D’éviter les allégations vagues (« écologique », « bio », « respectueux de l’environnement »)


️ Comment bien intégrer les biosourcés dans vos bureaux ?

✅ À favoriser :

  • Produits à longue durée de vie : mobilier, structure, finitions (ex : panneaux bois)

  • Usages fonctionnels et visibles : cloisons, moquettes, habillages muraux

  • Matériaux issus de filières locales : chanvre du Grand Est, lin de Normandie, bois d’Auvergne

  • Fournisseurs certifiés : labels, ACV disponibles, transparence sur les composants

❌ À éviter :

  • Produits à usage unique ou jetables

  • Ajout artificiel de matière biosourcée sans valeur technique ni environnementale

  • Solutions qui ne permettent pas le recyclage ou le compostage en fin de vie


Évaluer les impacts : un passage obligé

Avant d’acheter ou d’intégrer un produit biosourcé, demandez :

  • Une analyse de cycle de vie (ACV) indépendante

  • Une traçabilité claire de la biomasse utilisée

  • Des preuves de valeur ajoutée environnementale réelle

Bonnes pratiques :

  • Comparer le biosourcé à son équivalent conventionnel (ex : peinture acrylique vs peinture à base de résine végétale)

  • Évaluer les effets sur la biodiversité, l’eau, la pollution plastique, etc.


En résumé

 

Atouts Limites
Décarbonation active Fin de vie parfois complexe
Valorisation des ressources locales Impact environnemental variable
Amélioration de l’air intérieur Risque de greenwashing
Création d’emplois locaux Effet rebond si absence de sobriété
Image RSE valorisée Coûts parfois plus élevés

Conclusion : miser sur les biosourcés, avec discernement

L’intégration de produits biosourcés dans l’écotransformation des espaces de travail est une opportunité stratégique pour les entreprises. À condition d’agir avec lucidité : au-delà du choix des matériaux, c’est une transformation des usages, des achats et de la culture d’entreprise qui est en jeu.

Pour les DRH, c’est une opportunité unique de créer des environnements de travail plus sains et alignés avec les valeurs sociétales des collaborateurs.

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