Si avoir une idée originale peut être intéressant pour réussir en tant qu’entrepreneur, il ne s’agit par contre pas de fétichiser l’innovation absolue ou de fantasmer sur la créativité ou le génie. Vous devez aborder tous ces sujets de manière professionnelle et sans cesse garder les pieds sur terre. Car si l’entrepreneur doit être ouvert d’esprit et créatif, il ne doit jamais oublier de garder les pieds sur terre.

L’entrepreneur qui réussit, c’est celui qui parvient à allier la créativité au pragmatisme, le « délire » au sens du réel.

  • Raison nº 1 : Une bonne idée est une idée bien exécutée

Comme l’écrivait Philippe Bloch, fondateur de Columbus Café, dans Bienheureux les fêlés, tout le monde peut créer son entreprise (éd. R. Laffont, 2003), ouvrage toujours riche en enseignements pour le néo-entrepreneur malgré l’ancienneté de son écriture, « le succès c’est 1 % d’inspiration et 99 % de transpiration ».

Attention aux idées reçues : la bonne idée ne fait pas tout.

Il ne suffit pas d’une idée géniale ou révolutionnaire pour réussir son projet entrepreneurial, bien au contraire ! De nombreuses « bonnes » idées se sont soldées par des échecs commerciaux.

On peut ainsi citer l’exemple de la déroute de Moneo. Lancé en 1999, le système de paiement Moneo est tout à fait novateur dans son domaine car il propose de payer ses petits achats quotidiens de manière dématérialisée : plus besoin de monnaie traditionnelle ! Si l’idée d’origine est bonne, dans la pratique, elle est mal comprise par les utilisateurs et est souvent jugée trop contraignante. En particulier, la carte devait être rechargée régulièrement dans un magasin partenaire. Ce système est rapidement abandonné par les commerçants qui voient d’un mauvais œil les commissions supplémentaires pour les achats avec les cartes Moneo. En 2015, le porte-monnaie électronique disparaît du marché. Mais l’idée du paiement dématérialisé, elle, n’est pas abandonnée et de nombreuses entreprises investissent avec succès dans les services de paiement sans contact.

Inversement, des idées plutôt « banales » ont connu un succès impressionnant.

À titre d’exemple, l’entreprise Dell a construit son succès sur un business tout à fait classique : la micro-informatique. Si aujourd’hui l’entreprise s’illustre comme numéro un sur son industrie, c’est grâce à un modèle et à une organisation hors-normes.

En fait, tout repose sur la mise en œuvre de votre idée sur sa bonne exécution et sur un solide modèle économique (« business model » pour coller au jargon comme on dit outre-Atlantique). Sans ces deux ingrédients, l’idée, dans l’aventure entrepreneuriale, ne vaut rien. On peut ici citer Thomas Edison, célèbre inventeur américain de la fin du 19e siècle, pionnier de l’électricité : « La valeur d’une idée dépend de son utilisation. »

Il est d’abord essentiel de s’assurer que son idée peut se muer en opportunité. Il sera donc fondamental au début d’évaluer votre idée et de vous poser les bonnes questions, à commencer par exemple par les 3 suivantes :

  • Existe-t-il une véritable demande pour mon bien/service ?
  • Mon idée est-elle créatrice de valeur ? Est-elle différente des offres déjà proposées ?
  • Ai-je les ressources (financières, humaines) et les compétences pour la produire et la distribuer ?

Demandez-vous comment votre produit sera vendu, où il sera distribué.

Interrogez-vous aussi sur les potentielles contraintes qui s’imposeront à vous, qu’elles soient techniques (besoin de machines spécifiques ? Oui, mais à quel coût ?), pratiques (mon produit est fragile, ai-je bien anticipé sur le stockage ? Le transport ?) ou légales.

Les réponses que vous apporterez à ces questions vous serviront en plus très certainement de base au moment de rédiger votre business plan.

Ensuite, place à l’action : vous devez produire au bon coût, vous assurer de la qualité de votre offre, communiquer efficacement dessus et vendre votre idée à sa juste valeur. Vous devrez chercher enfin à innover, sans jamais vous reposer sur vos acquis, car les marchés sont changeants.

À suivre cette semaine la raison nº 2 : « Pourquoi faut-il se méfier des trop bonnes idées ? »

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