Dans un monde où la rationalité économique et la créativité artistique semblent souvent évoluer sur des orbites distinctes, l’entrepreneur moderne se dresse comme un pont entre ces deux univers. Contrairement à l’image réductrice qui oppose traditionnellement l’entrepreneur, ancré dans la réalité, à l’artiste, libre dans les méandres de sa créativité, la vérité est bien plus nuancée et riche. Cette dualité, loin d’être une séparation, représente en réalité les deux faces d’une même médaille : celle de l’innovation entrepreneuriale respectueuse des limites planétaires.

Loin d’être uniquement guidé par des calculs et des analyses de marché, l’entrepreneur d’aujourd’hui est un véritable créatif. Sa mission ? Trouver des solutions innovantes à des problématiques souvent complexes et inattendues, notamment celles liées à la durabilité et au respect de notre environnement.

Avant même de lancer son entreprise, l’entrepreneur est confronté à un premier défi majeur : celui de l’idéation. Chaque projet entrepreneurial germe d’une idée, souvent née de la créativité et de l’observation, mais aussi de l’échange humain et d’une profonde conscience des enjeux écologiques actuels.

Dans cette quête de l’innovation, comment l’entrepreneur – ou l’intrapreneur – peut-il s’assurer que son idée ne se contente pas seulement d’être brillante, mais aussi respectueuse des limites écologiques de notre planète ?  Cette interrogation est fondamentale dans un contexte où la durabilité n’est plus une option, mais une nécessité.

L’innovation dans le respect des « limites planétaires »

Exploration et confrontation des idées : un dialogue avec « la planète »

L’innovation responsable commence par une phase d’exploration profonde, où l’idée entrepreneuriale est constamment confrontée et réajustée en fonction de critères de durabilité. Héraclite, en affirmant que « la guerre est mère de toutes choses », soulignait l’importance de la confrontation pour la naissance des idées. Aujourd’hui, cette guerre se mène contre les défis environnementaux, sociaux et économiques. Pour un entrepreneur, cela signifie tester son idée non seulement auprès de son marché cible mais aussi en tenant compte de son impact écologique et des 9 limites planétaires .

Les neuf limites planétaires sont ce cadre conceptuel proposé par un groupe de chercheurs dirigé par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre et Will Steffen de l’Université nationale australienne. Ce cadre vise à définir les “limites de sécurité” au-delà desquelles les pressions anthropiques* pourraient entraîner des changements irréversibles et potentiellement catastrophiques dans les systèmes terrestres. Les neuf limites sont :

  1. Changement climatique : Se réfère à l’augmentation des gaz à effet de serre * dans l’atmosphère*, menant à un réchauffement global et à des changements climatiques.
  2. Nouvelles entités chimiques : Inclut la pollution par des substances telles que les plastiques, les métaux lourds* et les polluants organiques persistants* qui peuvent avoir des effets néfastes sur les écosystèmes et la santé humaine.
  3. Intégrité de la biosphère* : Cela concerne la perte de biodiversité et l’extinction des espèces, qui affectent le fonctionnement des écosystèmes et leur capacité à fournir des services essentiels.
  4. Cycle biogéochimique de l’azote et du phosphore : L’excès d’azote et de phosphore, principalement dû à l’utilisation d’engrais et aux eaux usées, peut entraîner l’eutrophisation des plans d’eau, affectant la qualité de l’eau et la vie aquatique.
  5. Utilisation des terres : La déforestation, l’urbanisation et l’intensification de l’agriculture modifient les paysages et peuvent avoir des effets négatifs sur les écosystèmes locaux et mondiaux.
  6. La surexploitation des ressources en eau douce menace la disponibilité de l’eau pour la consommation humaine, l’agriculture et les écosystèmes.
  7. Acidification des océans : L’absorption du dioxyde de carbone par les océans entraîne leur acidification, ce qui affecte la vie marine, en particulier les organismes calcifiants tes que les coraux et les mollusques.
  8. Aérosols* atmosphériques : Les particules fines dans l’atmosphère, issues de la combustion des combustibles fossiles et d’autres processus, peuvent affecter la santé humaine et les systèmes climatiques.
  9. Ozone stratosphérique : La déplétion de la couche d’ozone stratosphérique, principalement due aux chlorofluorocarbones (CFC) et autres polluants, augmente l’exposition aux rayonnements UV nocifs.

Ces limites sont interconnectées et le dépassement de l’une peut influencer les autres. Le respect de ces limites est considéré comme essentiel pour maintenir la stabilité et la résilience* de la planète Terre.

La mise à l’épreuve de ces idées passe par un dialogue ouvert avec des acteurs variés :

  • des experts en durabilité
  • des clients éco-conscients
  • mais également des concurrents qui partagent la même vision d’un avenir durable.

Il s’agit d’écouter attentivement et de s’ouvrir à des perspectives qui peuvent remettre en question les fondements mêmes de l’idée initiale, mais toujours avec l’objectif de réduire son empreinte écologique.

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